Travailler sur soi-même

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Stratégie(s) à laquelle/auxquelles se rattache ce levier :
Intervenir en santé sexuelle auprès de publics vulnérables implique un processus de réflexion, d'apprentissage et d'amélioration personnelle et professionnelle. Cela demande aux intervenants de se remettre en question, d’examiner leurs attitudes, croyances et comportements. Pour mieux répondre aux besoins des participants et créer un environnement respectueux et inclusif, ce travail sur soi-même doit durer tout au long du projet. De quoi il s'agit concrètement ?

Être conscient de son rôle de modèle

L’imitation est une composante importante de la pédagogie expérientielle. Les intervenants qui pratiquent des attitudes respectueuses et inclusives servent de modèles positifs pour les participants. Pour les professionnels, cela signifie être conscients de ce rôle vis-à-vis des destinataires de leurs actions.

L’authenticité et la sincérité des intervenants dans leur approche favorisent la confiance des participants. Pour ce faire, il est nécessaire d’apprendre à gérer ces propres émotions personnelles afin de ne pas influencer négativement les interactions avec les participants, tout en restant sensibles aux émotions et aux préoccupations de chacun. Il convient alors de communiquer de manière ouverte, non directive et sans jugement, en laissant aux participants le choix de partager ouvertement ou non.

Être conscient de ce rôle de modèle suppose également de développer des attitudes respectueuses, empathiques et non discriminatoires envers toutes les identités de genre, orientations sexuelles et cultures. Prenez le temps de réfléchir sur vos propres préjugés, croyances et expériences qui pourraient influencer vos interactions afin de réduire la stigmatisation et de créer un environnement plus sûr pour les échanges.

Cette réflexivité permet de mieux comprendre les expériences et les émotions des participants vulnérables. A cet égard, pratiquer l’écoute active permet de mieux comprendre les besoins, les valeurs et les préoccupations des participants sans jugement ni présupposés. Vous pouvez également solliciter les retours de chacun pour évaluer comment vos pratiques et votre approche sont perçues par les publics concernés.

Se former et expérimenter

Être formé à la santé sexuelle est essentiel à la mise en place de toute action sur la thématique. Plusieurs organismes peuvent accompagner à la formation des professionnels et à la mise en place d’actions sur la santé sexuelle au sein d’une structure.

Participez à des formations, des ateliers et des conférences pour améliorer vos compétences en santé sexuelle, en communication, en éthique, etc.

Recevez une formation sur la manière d’accompagner et de gérer les conversations liées aux traumatismes et aux expériences sensibles.

Là où la formation de tous les professionnels n’est pas possible, il est recommandé qu’au moins un animateur des ateliers soit formé. Il est par ailleurs important que les intervenants testent les outils pédagogiques et les techniques d’animation sur eux-mêmes et expérimentent les effets qu’ils peuvent produire. 

Se questionner comme on questionnerait un participant à l’atelier : qu’est-ce que j’ai ressenti ? L’activité a-t-elle été facile/difficile à mettre en pratique ? Agréable/désagréable ? Quel sens je donne à tout ça ? Comment cela peut m’être utile et dans quelles situations de la vie quotidienne ?

Cela permet non seulement de bien les maitriser, mais surtout d’éviter de proposer aux publics ce qu’on n’aimerait pas vivre soi-même.

Prévoir un temps avant et après chaque séance

En lien avec l’expérimentation d’outils, un temps de préparation avant chaque séance est fortement recommandé par les professionnels. Cela permet de bien préparer les contenus et les animations, tout en se questionnant sur ses propres ressentis vis-à-vis des thèmes abordés.

Il est vivement conseillé de préparer et animer la séance en binôme pour s’entraider et se compléter. Il ne faut pas hésiter à exprimer ses craintes et ses doutes vis-à-vis d’une thématique ou d’une animation. Cela signifie repérer ses propres limites et permet de réajuster les choses avant la séance. Il est essentiel que les intervenants soient à l’aise avec les animations qu’ils proposent afin de contribuer à une ambiance de confiance et coopération au sein du groupe.

Avant une séance, pratiquez l’auto-évaluation pour identifier avec l’autre animateur vos propres points forts, vos préférences, mais aussi vos faiblesses et, en fonction de cela, partager les taches.  Un temps de débrief une fois la séance terminée est autant important que la préparation : évaluer ses propres attitudes, réactions et comportements lors des interventions, questionner ses ressentis, échanger sur les réactions des participants, sur ce qui a ou pas marché, permettra d’améliorer les séances à venir.

Réfléchir sur ses pratiques et faire preuve de souplesse

Si le travail de préparation et de débrief est essentiel, l’expérience professionnelle enseigne que tout ne peut pas être prévu. Afin de faire face aux imprévus, les professionnels conseillent d’adopter une posture réflexive sur son propre travail et d’échanger avec d’autres professionnels, qui ont dû se confronter à d’autres situations encore. Cela permet d’ouvrir ses horizons et de s’enrichir de l’expérience des autres

Organiser des temps de partage et analyse des pratiques professionnelles pour travailler la question de la posture en ayant un regard un peu décalé. Ce travail de remise en question et ajustement des pratiques, s’opère également en contact avec les destinataires des actions avec qui l’intervenants peut être amené à coconstruire les animations à partir des leurs besoins, retours et suggestions. Soyez prêt à remettre en question vos propres idées préconçues et à apprendre des perspectives des participants en vous adaptant à leurs besoins spécifiques, en ajustant votre langage, votre ton et votre approche en fonction de chaque contexte.

En travaillant sur soi-même et en adoptant une approche réfléchie et sensible, les professionnels peuvent créer un environnement bienveillant et inclusif où les publics vulnérables se sentent respectés, compris et écoutés, favorisant ainsi une meilleure participation et des résultats positifs dans les interventions en santé sexuelle.

Être curieux et ouvert

La santé sexuelle comme la sexualité se développent tout au long de la vie. De la même manière, les connaissances et les pratiques autour d’elles évoluent. C’est pour cela que les professionnels recommandent de continuer régulièrement à se former, rencontrer d’autres acteurs et expérimenter des nouveaux outils et techniques. Cela donne aux professionnels la possibilité d’améliorer ou proposer des nouvelles animations, lorsque les anciennes apparaissent moins efficaces ou deviennent lassantes.

Participer à des colloques, webinaires, présentations d’outils.

Développez son éducation personnelle sur la thématique est essentiel. Cette démarche d’apprentissage permet d’approfondir ces connaissances sur les enjeux spécifiques liés à la santé sexuelle des publics vulnérables, notamment les aspects médicaux, psychologiques et sociaux.

Développez vos savoirs et savoir-faire autour de ces enjeux à partir de livres, d’articles, de ressources en ligne, de colloques, d’échanges de pratiques pour élargir vos connaissances sur la diversité des expériences des participants.

Adopter une démarche de croissance personnelle et de développement professionnel permet de créer un environnement respectueux, sécurisant et inclusif qui favorise l’apprentissage, la communication ouverte et l’engagement actif des publics dans les interventions.

Mettre la bienveillance au profit de l’implication des publics

Une posture bienveillante favorise un sentiment d’appartenance et de confiance auprès des publics vulnérables, ce qui peut avoir un impact significatif sur leur participation et sur leur volonté d’adopter des comportements positifs. Les publics sont plus susceptibles de participer de manière continue et régulière aux interventions lorsqu’ils se sentent soutenus et valorisés. Ils sont aussi plus enclins à s’engager activement lorsqu’ils ressentent une proximité avec les intervenants et l’environnement.

Favoriser les interventions en non-mixité de genre : au sein du groupe et au niveau du/des intervenants afin de favoriser l’échange, notamment sur des thématiques sensibles (violences, consentement, etc.).

Encouragez la participation active des publics dans la planification, la mise en œuvre des activités, et la prise de décisions. De même, interrogez régulièrement les besoins des publics pour vous assurer que les interventions répondent à leurs problématiques spécifiques.

Dans le cadre de l’évaluation de l’intervention (initiale, processus, résultat) interroger les besoins spécifiques des publics.

Une posture bienveillante peut réduire les barrières à la participation, telles que la peur du jugement ou de la discrimination, ce qui permet aux publics de bénéficier pleinement des interventions de promotion de la santé.