Stimuler l’expression et la créativité

Espace(s) thématique(s) auquel/auxquels se rattache ce levier :
Stratégie(s) à laquelle/auxquelles se rattache ce levier :
Les activités éducatives et les interventions visant à développer le potentiel créatif des jeunes sont reconnues comme des éléments centraux, et pas seulement pour l’apprentissage de nouvelles connaissances : c’est également un levier puissant pour développer et mettre en routine des comportements favorables au bien-être global. Valoriser l’expression de chacun et encourager la créativité permet tout à la fois de favoriser l’autonomie, améliorer l’estime de soi, développer une aptitude à la découverte et à la connaissance de soi, ainsi que l’apprentissage et la curiosité tout au long de la vie. Quels sont les ingrédients à intégrer aux interventions pour obtenir cet appétissant résultat ?

Proposer des activités ludiques et dynamiques

Partir des expériences de chacun constitue un bon départ. Cela permet de mobiliser l’engagement des jeunes qui se sentent acteurs des activités proposées tout en les ouvrant à l’écoute des autres et à la co-construction. Le jeu les rend notamment plus concentrés et réceptifs.

Jeu de rôle où les enfants reproduisent des scènes de la vie quotidienne liées aux leurs usages des écrans qui ont pu poser problème ou créer des tensions en famille. Les enfants réfléchissent ensuite à des solutions possibles avec les intervenants.

Le jeu ne se centre pas sur la passation d’information, mais sur les échanges et la verbalisation des pratiques autours des écrans. L’objectif est d’accompagner à la prise de recul et de mettre les participants en condition de formuler eux-mêmes des façons d’entrer en relation avec les écrans en ligne avec les recommandations.

Une activité consiste à inviter les jeunes à décrire leur journée type à travers la combinaison de photos et couleurs ou en se déplaçant dans la salle lorsqu’ils exposent au groupe. S’ensuit un débat qui explore les points communs et les différences entre les journées types de chacun. De l’identification des freins et leviers vis-à-vis de leur approche sur la nutrition, les jeunes construisent ensuite une ligne commune. Une autre activité interactive conseillée est la mise en place de forums santé pendant le temps périscolaire.

Nombreuses activités ludiques peuvent être proposées en mobilisant le corps. Dans le cadre d’un travail sur les émotions avec les enfants, proposer de choisir mentalement un mouvement qui exprime comment il se sentent et de le reproduire ensuite (mime des émotions, laissons le corps parler. D’autres activités mobilisent la créativité : dessiner sa météo intérieure.

Il est important que toute activité soit suivie par un temps de conscientisation où l’on questionne les participants sur les ressentis que l’activité a suscité. Cela permet de faire sens et d’intégrer ce que l’activité a apporté. Après ce temps, il est possible de passer au travail de généralisation. Cela permet de faire le lien entre ce que l’on a expérimenté lors de l’activité et des situations de la vie de tous les jours.

La mise en place d’activités interactives et dynamiques, axées sur la convivialité et le partage, permet non seulement de libérer la parole de chacun, mais également de renforcer les liens de groupe et de répondre aux besoins des jeunes d’être en mouvement.

Tout cela facilite la mise en routine et l’appropriation des messages de santé puisque l’on crée un cadre favorable à l’implication de chacun.

Les animations de type « théâtre-débat » sont particulièrement intéressantes.

Prendre en compte les différences et les compétences de chacun

La valorisation de chacun et le partage dans un climat ludique limitent les préjugés et la possibilité que les jeunes développent une mauvaise image d’eux-mêmes. Cela permet également d’identifier qu’un groupe est constitué de personnes qui ont des expériences, compétences différentes ce qui en fait toute sa richesse.

Dans l’accompagnement aux usages numériques, les professionnels recommandent d’être vigilants aux différences individuelles, mais aussi au niveau des groupes de population. Il s’agit de ne pas oublier que :

  • Tout le monde n’a pas accès aux mêmes types d’écrans, par exemple en raison de leur coût ;
  • Tout le monde n’est pas exposé aux impacts des médias de la même manière. Par exemple, des nombreuses études montrent que les filles subissent davantage l’influence des modèles qui circulent dans les réseaux sociaux que les garçons.

Encourager la créativité dans une ambiance bienveillante favorise l’expression des différences et contrecarre la stigmatisation et les stéréotypes.

Jeu d’enquête autour des émotions suscitées par des contenus en ligne, chaque participant crée un photo collage que les autres doivent interpréter. Ensuite, on réfléchit collectivement sur les différentes interprétations et émotions qu’un même contenu peut susciter.

Les professionnels soulignent à quel point le jeu facilite la création d’une ambiance bienveillante et contrecarre la stigmatisation qui est à l’origine de nombreux échecs des programmes de promotion de la santé en nutrition.

Cela passe également par la mise en avant de la différence comme richesse

Il est possible de valoriser chaque culture en créant des moments conviviaux et de découverte où les jeunes apportent de chez eux des plats faits-maison.

Point de vigilance : lorsque l’on propose des jeux, il est recommandé de prêter attention aux spécificités propres à chaque âge. Certains jeux peuvent être moins adaptés avec des adolescents qui se soucient davantage de l’image qu’ils peuvent donner à leurs camarades. Dans ce cas, il convient de choisir des activités qui permettent aux adolescents, sans les mettre en difficulté, de travailler l’image de soi. Dans le choix des animations, la prise en compte des goûts et des attitudes du groupe est essentielle au bon déroulement de la séance. Chaque groupe est différent !

Pour les professionnels, encourager l’expression signifie mettre au centre les destinataires des actions, en consacrant un large espace à la recherche de solutions en individuel et en groupe, à partir des compétences de chacun. Afin d’opérer dans un environnement créatif, il est en effet primordial que l’intervenant reconnaisse les ressources dont les participants disposent déjà et qu’il puisse s’appuyer sur celles-ci pour favoriser l’apprentissage de nouveaux messages et comportements.

Après une réflexion sur les usages des écrans qui peuvent poser problème, demander aux jeunes des créer des petits tutoriels vidéos où ils proposent des solutions et montrent comment s’y prendre.

La créativité peut être stimulée sous forme de défi : comment rendre plus plaisante une activité peu aimée ? Quelles ressources puis-je mobiliser pour résoudre cette situation ?

Organisation de « Défis culinaires », avec la mise à disposition d’aliments pour la création de recettes ; élaboration de menus en ateliers en classes maternelles et élémentaires.

Encourager la verbalisation

Apprendre à nommer ses émotions, ressentis et besoins est un élément clé du développement des CPS. C’est pour cela qu’il est recommandé d’accorder une grand place à la verbalisation de ce qui se passe lors des séances d’animation, comme dans les entretiens individuels. L’intervenant doit non seulement être à l’écoute, mais encourager la parole des participants, sans forcer pour autant les choses.

Proposer en début et à la fin de chaque séance un tour de table afin que les participants donnent leur météo du jour, s’ils le souhaitent. Ce rituel est bien sécurisé par les règles établies d’écoute et de non-jugement.

Suite à une altercation avec un jeune, prendre un temps avec lui pour mettre des mots sur les ressentis respectifs et travailler sur les émotions.

« L’expression constructive des émotions favorise, d’une part, la régulation émotionnelle et d’autre part, la qualité relationnelle. En effet, la mise en mots de nos émotions nous oblige à prendre conscience et nous évite des passages à l’acte émotionnels. Nous nous mettons à penser et à parler de l’émotion au lieu d’agir et d’être emportés par l’émotion. La mise en mots des émotions permet aussi à l’autre de mieux comprendre ce que nous ressentons. En nous exprimant de manière constructive, notre interlocuteur peut davantage nous entendre et ajuster ses comportements en fonction. Exprimer sa colère de façon constructive à l’aide d’un « message-je » représente une première étape de la résolution positive d’un conflit. »

Shankland R. 2021

Ce travail est favorisé par la capacité de l’intervenant à accompagner dans la verbalisation en reformulant ce qui est dit, sans l’interpréter.